Semaine du 24.02 au 02.03

Cette semaine, ainsi que la prochaine, nous sommes affectés à l’hôpital de maladies infectieuses. On ignore dans quoi on se lance, mais le nom incite à la prudence. A cet effet, Elfie nous a d’ailleurs fourni des masques de protection d’un niveau supérieur à ceux que nous utilisons habituellement.

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Pour la première fois depuis le début du stage, on nous sépare, chacun avec une étudiante dans un bâtiment différent. Je me sens toute perdue sans JB, tout d’un coup ! Mais il faut avouer que ça nous simplifiera peut-être la vie pour avoir l’occasion de faire des choses. Deux étudiants c’est tout de suite moins envahissant que quatre. Me voilà donc avec Marinella, à arpenter les couloirs d’un bâtiment qu’elle ne connaît pas, puisqu’elle réalise normalement son stage là où sont resté JB et Livia. Nous faisons la connaissance d’une cadre très gentille, mais qui prononce un mot qui ne me plait guère « observator international » ; relativement transparent n’est-ce pas ? Je suis donc condamnée à observer les infirmières travailler sans pouvoir rien toucher. Soit, j’en prends mon parti. De toute façon, la journée semble calme. Au bout d’un moment à rester dans un coin sans rien faire, la cadre nous propose de nous rendre dans un autre service ; sauf que là aussi nous restons assises sans rien faire. Mon accompagnatrice parle un peu anglais, et je comprends qu’elle est déçue d’être dans ce bâtiment – où elle ne connaît personne et où il n’y a selon elle rien à faire. Je vois certaines infirmières passer en coup de vent dans le bureau infirmier, mais Marinella ne bouge pas.
Je vois passer une infirmière avec un bout de carrelage à la main, qu’elle finit par poser non loin de moi. Le carreau est divisé en deux parties par un trait au stylo, et dans chaque partie se trouvent 5 gouttes de sang. Pas le temps de m’adresser à l’infirmière qu’elle est déjà repartie, je me rabats donc sur mon accompagnatrice qui confirme ce que je pensais : c’est l’ultime test de compatibilité entre la poche de sang destinée à la transfusion et le sang du patient. Pourquoi 5 gouttes de sang, alors qu’en France nous n’en avons besoin que de deux ? Je ne réussirai qu’à apprendre qu’ici on contrôle le groupe* ET le rhésus à chaque fois, du fait de l’attitude de mon accompagnatrice, et que je ne reviendrai pas dans ce service par la suite, mais aussi de la communication difficile (et encore, j’avais de la chance, Livia ne parlant pas un mot d’anglais, JB a dû se débrouiller avec le roumain rudimentaire que nous parlions toute la semaine). En tous les cas, on m’explique que les réactifs sont rangés dans le frigo d’une autre pièce réservée aux transfusions, dans de petits flacons.

J’apprends par la suite que les patients ici ont le plus souvent des maladies telles que les hépatites, sida, etc., mais aussi des pneumonies, et probablement parfois la tuberculose. Bref, des virus, des microbes, en somme, toutes les maladies les plus sympathiques et inoffensives !
Plus tard dans la semaine, je croise un patient handicapé de naissance, qui à l’âge de 19 ans fait la taille d’un jeune garçon de 7 ans. Il est porteur d’une gastrostomie. Sauf que quand sa mère lui retire son haut pour lui donner son repas, j’ai bien du mal à retenir un mouvement et une expression de surprise. Le tube est énorme (1 à 2 cm de diamètre intérieur) et très long (il part donc de la paroi abdominale et lui remonte jusqu’au cou), mais surtout complètement rigide. Rien qui ressemble à ce que nous connaissons en France, et j’imagine qu’ils ne connaissent pas l’existence des boutons de MicKey. La mère mélange de la nourriture habituelle avec un liquide, broie bien le tout, et lui injecte avec une grosse seringue de 50mL. Rinçage du tube avec la boisson, et c’est fini, elle rebouche avec un simple bout de tissu (celui qui servait déjà à fermer le tube avant le repas). Ça vaut les drains fait avec des morceaux de tube de sonde urinaire (parfois branchés à une poche de perfusion vide pour collecter), et les garrots avec la partie caoutchouc de ces même sondes (ou alors des gants !).

A côté de ça, nous visitons la Fondation Familiale de Galati. C’est un foyer qui accueille les femmes et les enfants battus ou violentés. Ils peuvent y rester 6 mois, le temps de trouver à repartir du bon pied, et bénéficient de soutien psychologique, juridique, etc.
Et si vous vous rappelez bien, Anthony est là pour la semaine ! Lui aussi a du travail pour son école, il reste donc à l’appartement pendant que nous sommes en stage, et nous nous retrouvons les après-midis pour sortir, visiter un peu, etc. Nous allons donc nous promener le long du Danube, nous l’emmenons au grand centre commercial, nous lui faisons goûter les spécialités locales (le Covridog**, entre autres), nous visitons le musée de la ville qui contient une petite partie aquarium.

Une pièce de théâtre est prévue cette semaine là, nous emmenons donc mon fiancé avec nous. Nous redoutons un peu cette soirée, parce que la pièce est en roumain, et que malgré tous nos efforts, dès que les gens parlent trop vite, nous ne comprenons plus rien ; idem lorsque le sujet s’éloigne du quotidien le plus simpliste (manger, travailler, dormir, se déplacer, comment on se sent, quelle heure il est, etc.). Au final, nous sortirons de la pièce avec un sentiment partagé ; le non-verbal nous a permis de comprendre bien des choses, et en même temps, le verbal ne nous a pas permis de relier ces instants de compréhension entre eux. Donc ça racontait l’histoire d’une jeune fille qui revivait quelques moments de sa vie passée. Elle habitait avec ses parents et ses grands-parents, elle jouait au tennis, n’avait pas beaucoup d’amis et avait envie de se suicider assez souvent (?!?). Puis ses parents ont divorcé, se sont battus pour sa garde, elle a fini par ne plus revoir son père et devoir supporter sa mère qui l’a finalement abandonnée après une période où elle buvait et invitait des hommes étranges chez elles, et son entraineur de tennis lui a dit qu’elle ne ferait jamais carrière. Mais finalement, elle revoit son père, et elle est acceptée dans une école de tennis aux USA ! Voilà à peu près tout ce qu’on a compris … et c’est encore plus bizarre en vrai !

Pour bien finir la semaine, Alina – une élève de 2ème année à l’école Carol Davila – nous emmène dans un pub. Le premier pub où nous arrivons est très impressionnant, mais malheureusement plein. Nous repartons donc à la recherche du bonheur d’un autre pub. Celui où nous entrons ensuite se présente comme un grand cabaret, avec un bar central, entouré de tables où dinent encore des clients, qui se répartissent devant une grande scène. A l’étage, deux balcons où se trouvent également des tables, mais cette fois juste pour consommer des boissons. Nous nous installons en observant la salle avec ravissement (je ne crois malheureusement pas avoir de photos à vous montrer pour le moment). Et nous passons une très bonne soirée, malgré la musique toujours aussi forte, comme partout en Roumanie.

Le dimanche sera passé à Cocooner, car comme le reste de la semaine, il fait gris et froid, mais en plus il pleut !! Je profite donc de ma dernière journée avec Anthony, qui prend une navette le lendemain matin à 5h30 vers l’aéroport de Bucarest.

Anecdote n°1 : nous avons été à l’école pour faire goûter notre fameuse tartiflette aux professeurs présents. Une réussite ! Ils ont tous demandé la recette. Et nous avons fait visiter à Anthony les locaux – pas si grands que ça finalement. On nous a demandé si nous voulions rester pour un cours, au détour d’une salle de classe, ce à quoi nous avons répondu non gentiment. Les filles présentes ont rétorqué qu’Anthony pouvait rester tout seul sans problème s’il le désirait ! >_< C’est le mien, non mais oh !

Anecdote n°2 : Malgré notre statut d’observateurs, dans cet hôpital, JB n’a jamais autant travaillé que cette fameuse semaine où nous n’étions pas ensemble ! C’est pas trop injuste, la vie ? 😀

Anecdote n°3 : je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais Galati est envahie de chiens errants. Dans les rues, les enceintes des hôpitaux, partout. Ils ne sont pas agressifs, mais bien présents, se battant, se chahutant, venant chercher une gratouille. Il y a donc énormément de chiots. Et à l’hôpital de maladies infectieuses, il y avait trois petits chiots turbulents, mais que nous aimions aller caresser dans les moments vides ou de pause café. Je vous les présente ? 🙂

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*Grâce aux explications reçues plus tard, au Centre de Don du Sang, ils contrôlent le groupe avec 3 réactifs : anti-AB, anti-A et anti-B ; le rhésus contrôlé est le rhésus D. Je me demande maintenant si le 5ème facteur contrôlé n’était pas le rhésus K.